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Pour un Grenelle de la fonction publique !

Publié le vendredi 10 mai 2019 , www.lagazettedescommunes.com

L'éventuelle suppression de l'ENA souhaitée par le Président pourrait concerner d'autres écoles, dont l'Inet, au profit d'une nouvelle grande école du service public, aux contours incertains. L'Association des administrateurs territoriaux de France alerte depuis cinq ans sur la nécessité d'une réforme de la haute fonction publique pour répondre aux attentes des Français.

visuel Pour un Grenelle de la fonction publique !
Picasa / Adobestock

L’éventuelle suppression de l’Ecole nationale d’administration (ENA) souhaitée par le président de la République pourrait emporter dans son sillage d’autres écoles, dont l’Institut national des études territoriales (Inet), au profit d’une nouvelle grande école du service public, aux contours incertains. Les partisans de cette mesure voudraient donner des gages symboliques et radicaux en réponse aux attentes sociétales de promotion sociale et d’efficience de l’action publique, perçue comme à la traîne du secteur privé. Ils semblent ignorer les innovations déjà portées par la fonction publique territoriale pour répondre à ces enjeux.

Voie méritocratique de l’examen professionnel

Savent-ils que 40 % des nouveaux administrateurs et ingénieurs en chef accèdent à ces cadres d’emplois par la nouvelle voie méritocratique de l’examen professionnel qui valorise des parcours très diversifiés et singuliers, afin d’enrichir le panel des hauts fonctionnaires ? Ont-ils conscience que la diversité des profils et leur enrichissement mutuel sont au cœur des dispositifs mis en œuvre par l’Inet, tant par les modules communs de haut niveau dispensés aux A+ des filières administrative, technique et culturelle en formation initiale, que par la formation continue proposée aux cadres A et A + en réponse aux besoins d’agilité des territoires ?
Les attentes des Français dépassent largement les outils que constituent les écoles et nécessitent de bien comprendre les besoins sous-jacents. Les Français veulent-ils moins de service public sur le territoire ? Les sondages affirment le contraire (1). Exigent-ils plus d’efficience de la part de la fonction publique ? Certainement !
Pour répondre à cette injonction parfois paradoxale, nos collectivités ont besoin de cadres dirigeants capables de développer une vision systémique qui articule entre elles les politiques publiques pour plus d’efficacité et de s’adapter aux réalités des territoires sans cesse en mouvement. Les hauts fonctionnaires territoriaux doivent en permanence naviguer entre diagnostic de terrain et conception, codécision avec les élus et mise en œuvre des politiques publiques. Le manager stratégique doit identifier le cap et donner le sens, tout en habitant la posture d’humilité qui permet l’intelligence collective sans préjuger des solutions. Cette vision du manager stratégique donne toute sa saveur à mon métier d’administrateur. J’ai à cœur de la transmettre lors des formations que j’anime pour mes pairs.

Nécessaire réforme de la haute fonction publique

L’AATF alerte depuis cinq ans sur la nécessité d’une réforme de la haute fonction publique pour répondre aux attentes de nos concitoyens. Celle-ci doit favoriser une grande fluidité des mobilités entre les versants de la fonction publique comme avec le secteur privé, gages d’agilité et d’efficacité, tout en sécurisant les parcours dans le respect de l’équité. Elle doit s’inscrire dans une démarche vertueuse et continue de modernisation.
Sur ces enjeux, les éléments de consensus existent. Pourtant, la volonté gouvernementale de légiférer par ordonnance au prétexte de rapidité exclut le temps d’une réelle concertation avec l’ensemble des acteurs.
J’appelle donc de mes vœux un Grenelle de la fonction publique, pour ouvrir un espace de dialogue ouvert, sincère et sans a priori, dans un calendrier resserré.

Note 01 80 % des Français se disent satisfaits des services publics locaux [sondage Ipsos pour l’AATF, octobre 2018]Retour au texte