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" L'impression d'être en astreinte en continu "

Publié le vendredi 3 avril 2020 , www.lagazettedescommunes.com

La rédaction de Techni.Cités vous propose des témoignages d'ingénieurs des services techniques, qui sont sur le terrain pour organiser la continuité des services dans les collectivités. Directeur de service technique, d'un syndicat d'eau, de déchet, de voirie, d'espaces verts, animateur de cellule de crise ont répondu présent pour raconter leur quotidien par temps de crise. Rendez-vous, aujourd'hui, avec Fanny Maujean, directrice Parcs, Jardins et Paysages de la ville d'Angers et d'Angers Loire Métropole.

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« Quand on a eu l’annonce du confinement, le 17 mars, ça a été particulier avec le retrait de la quasi-totalité des troupes. On s’est retrouvé avec les services essentiels à la population pour la direction Parcs, jardins et paysages : principalement sur le pilotage et l’activité funéraire qui ne pouvait pas fermer ses portes. On s’est dit qu’on allait essayer de maintenir un minimum de production florale pour le retour des beaux jours. J’ai réussi à mettre en production la moitié de mes plantes dans mes serres et à accueillir les commandes pour que les producteurs ne se retrouvent pas le bec dans l’eau et éviter que des productions soient jetées. La réalité va nous rattraper, c’est le printemps… Ça pousse et donc, il va falloir décider de ce qu’on fait ou pas.

Puis, suite à l’arrêté préfectoral d’interdiction d’utilisation des espaces paysagers publics, on a mis en urgence des barrières et des rubalises sur les trois quarts de nos parcs, jardins et squares. On est sur une trentaine de sites pour la ville d’Angers et quelques parcs communautaires. On vérifie chaque semaine que ces arrêtés sont toujours en place. Le plus difficile ça a été pour les jardins partagés où il y a de la production légumière. Les gens n’avaient plus aucun respect des règles d’hygiène et sanitaires et se regroupaient pour récupérer des légumes. Ça fait cher le poireau à 135 euros d’amende !

Photo2 F.Maujean

On gère, en parallèle, le retour, en mode dégradé, de certaines entreprises sur les chantiers. Je suis en train de mettre le pilotage en place avec toutes les précautions nécessaires pour les collaborateurs. Le paiement des factures en cours est également maintenu.

« On se croirait sapeur-pompier. On ne voit pas le jour »

Au jour le jour, la difficulté c’est de mettre en œuvre les consignes et de rendre quotidiennement compte à la direction générale des personnes présentes sur le site, celles en télétravail, les activités qui sont faites, etc. On se croirait sapeur-pompier. On ne voit pas le jour. En termes de gestion RH, on tient un tableau journalier renseigné pour les 246 agents de  la direction Parcs, jardins et paysages avec la situation de chacun : confiné, sur site, en télétravail, malade… D’ailleurs, on récupère les arrêts maladie dans la boîte aux lettres de la direction, ça fait partie des choses compliquées à gérer à distance.

On a fait plusieurs propositions de plans de continuité d’activité qui n’arrêtent pas d’évoluer en fonction des directives nationales. On déploie une grande transversalité au sein des services techniques avec des équipes très restreintes, des coups de main par exemple notre direction et celle de la voirie, des sports et loisirs, notamment quand il fallait mettre des barrières.

Pour résumer, ce sont des journées très particulières avec une énergie spéciale. On a l’impression d’être sur le front et pas du tout sur nos sujets métiers. Je n’ai pas touché un dossier « métier » depuis le 17 mars. C’est vraiment de l’organisationnel, de l’aide à la décision pour le pilotage et du compte rendu par rapport aux directives et ses allers-retours.

J’ai l’impression d’être en astreinte en continu : des coups de fil dans tous les sens, action-réaction sur des sujets qui ne sont pas forcément les nôtres. »