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Fonction publique : usagers et fonctionnaires convergent sur les réformes à réaliser

Publié le jeudi 11 octobre 2018 , www.lagazettedescommunes.com

Un sondage publié aujourd'hui montre des attentes communes sur l'évolution de la fonction publique. Il souligne la confiance des administrés envers les collectivités et le danger d'une politique de l'État trop intrusive.

visuel Fonction publique : usagers et fonctionnaires convergent sur les réformes à réaliser
Louis Gohin

C’est dit. Fonctionnaires et administrés se sont prononcés lors d’un sondage sur les réformes à mener pour la fonction publique. Publiée aujourd’hui par Ipsos et l’Association des administrateurs territoriaux de France (AATF), la deuxième édition du baromètre « Les Français et le service public local » montre une certaine convergence de vues entre acteurs publics et usagers. Un rappel des fondamentaux s’imposait, à quelques mois de la réforme de la fonction publique…

Pénurie et déserts

La moitié des sondés s’accorde, de chaque côté, sur le manque de postes dans les crèches, parmi les pompiers, pour la formation des infirmières (46 à 56%) – les usagers insistent aussi sur la formation des demandeurs d’emploi.

Dans les deux catégories, 40 à 50% demandent aussi plus de dépenses pour les polices municipales, la construction et l’entretien des écoles, les aides sociales pour personnes âgées… entre autres revendications. Ils se rejoignent sur le problème des déserts médicaux. 90 à 95% pensent qu’« il faudrait organiser (…) l’installation de nouveaux médecins dans les zones à faible densité médicale ». Les fonctionnaires sont, eux, particulièrement désireux que le service public local soit renforcé en zone rurale « pour mieux équilibrer la vie des territoires ».

Cadre statutaire : une majorité pour davantage de souplesse

Le baromètre interroge aussi l’organisation structurelle des collectivités. Les administrés veulent, à 88%, renforcer le contrôle des politiques publiques par des audits citoyens. Comme les fonctionnaires, ils jugent que les politiques menées par les collectivités ne sont pas assez transparentes, ni bien connues du public.

Les deux catégories semblent s’accorder en majorité sur le besoin de faire évoluer le statut de la fonction publique vers plus de souplesse (56 à 58%). En revanche, les administrés sont plus favorables que les fonctionnaires à supprimer le statut pour qu’il soit remplacé, peu à peu, par des contrats de droit privé (23 contre 6%). Et moins enclins à conserver le statut sans le faire changer (21% contre 36%).

Mais de part et d’autre, on souhaite voir se simplifier la procédure de licenciement pour insuffisance professionnelle (75 à 79%), aligner le régime de retraites sur le secteur privé, favoriser la mobilité des fonctionnaires entre emplois publics et privés…

Déontologie et diversification

À condition de fixer des règles déontologiques pour éviter tout conflit d’intérêt, par exemple dans l’attribution de marchés publics. Et l’idée semble admise (à plus de 80%) que la haute fonction publique gagnerait à se diversifier du point de vue de l’origine sociale des responsables.

Fonctionnaires et, surtout, usagers restent majoritairement attachés au maintien des concours pour l’ensemble du secteur public, permettant un accès au mérite

À cet égard, fonctionnaires et, surtout, usagers restent majoritairement attachés au maintien des concours pour l’ensemble du secteur public, permettant un accès au mérite. Ce qui signifie aussi limiter le nombre de cadres de l’administration recrutés dans le privé.

Application des politiques de l’État : les administrés pour une marge de manœuvre

Le sondage montre aussi que les citoyens ont globalement une bonne image de leurs collectivités. Meilleure, même, que n’en ont les fonctionnaires eux-mêmes… 55% des agents publics estiment que « la qualité des prestations et des services se détériore ». Raison de plus pour mener rapidement des mesures efficaces, avant que cette dégradation, quelle qu’en soit la mesure objective, ne suscite un désaveu des usagers qui, déjà, ont une moins bonne opinion de la fonction publique d’État que de la territoriale.

« Les Français veulent des réformes maîtrisées et les fonctionnaires se montrent ouverts aux évolutions », résume le président de l’AATF Fabien Tastet. « Il existe un terrain favorable pour une réforme et pour qu’elle soit acceptée… si du moins, le gouvernement s’y prend bien. »

Il existe un terrain favorable pour une réforme et pour qu’elle soit acceptée… si du moins, le gouvernement s’y prend bien.

Selon lui, l’État est parfois trop intrusif dans la mise en œuvre de ses politiques, dans l’encadrement des collectivités et dans sa « manière de dialoguer ». Le baromètre Ipsos montre justement que 88% des citoyens veulent que les régions puissent « adapter à leur contexte local certaines réglementations décidées à l’échelle nationale ». Les fonctionnaires sont, eux, jugent qu’« on modifie trop souvent l’organisation institutionnelle et territoriale du territoire » et que « si les collectivités locales doivent faire des économies (…), c’est avant tout aux élus locaux plutôt qu’à l’État de décider quelles économies il faut faire ».