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Politiques culturelles : la prise de conscience des DGS des collectivités

Publié le vendredi 8 novembre 2019 , www.lagazettedescommunes.com

Pour leur congrès, qui se tiendra les 7 et 8 novembre à Arras, les directeurs généraux des services (DGS) ont réservé une place à la culture. Un sujet sur lequel la réflexion des DGS évolue, comme l'explique Elodie Kuchcinski, présidente de l'Union régionale du Nord et du Pas-de-Calais du Syndicat national des directeurs généraux des collectivités territoriales.

visuel Politiques culturelles : la prise de conscience des DGS des collectivités

Lors de son congrès, prévu les 7 et 8 novembre à Arras (Pas-de-Calais), le Syndicat national des directeurs généraux des collectivités territoriales (SNDGCT) parlera (un peu) culture. Présidente de l’Union régionale du Nord et du Pas-de-Calais de ce syndicat chargée de l’organisation du congrès, Elodie Kuchcinski explique à la Gazette comment les cadres dirigeants des collectivités perçoivent les enjeux des politiques culturelles.

Il est rare que les DGS incluent une session sur la culture dans la programmation de leur congrès. Pourquoi cette initiative ?

Le fil rouge de notre congrès est : les services publics et la citoyenneté. La culture y apparaît dans un des ateliers en tant que levier de reconstruction d’un territoire.

D’une façon générale, nous essayons d’ouvrir nos travaux nationaux sur le management, les finances, les parcours professionnels etc. à d’autres problématiques comme le développement durable, la laïcité, les rythmes scolaires, etc. Cette année, la culture en fait partie.

En outre, à chaque congrès, l’union régionale chargée de l’organisation doit mettre au programme un sujet de préoccupation locale. A ce titre, notre union régionale a retenu deux sujets : la transition des territoires et la culture comme levier de développement.

Que représente la culture pour l’Union des DGS de votre région ?

Dans ces territoires, en particulier, l’Artois, le Lensois, et le Béthunois, la culture est devenue un vecteur de développement touristique, ce qui n’était pas le cas il y a encore quelques années.

L’arrivée du Louvre-Lens [en 2012, ndlr], et maintenant le déménagement des réserves du Louvre à Liévin, sont bien entendu des leviers importants, pas seulement pour les villes directement concernées mais aussi pour celles qui, aux alentours, veulent mettre en avant leurs atouts culturels et patrimoniaux – comme Arras, où se tient notre congrès.

Si les collectivités de notre région ont réussi à « vendre » leurs territoires pour l’implantation du Louvre-Lens, c’est bien parce qu’il s’agit de retrouver, par le biais d’un équipement culturel, un levier d’action touristique, économique et sociale, pour pallier les effets d’une crise minière et industrielle. Nous souhaitons donc montrer comment de tels équipements peuvent résonner dans les communes qui les entourent et avoir un impact, au – delà de la culture.

Plus largement, comment les DGS abordent-ils la culture ?

Ils voient dans la culture un élément très transversal des politiques publiques, au sein des communes et entre collectivités. Chez les DGS, il y a une prise de conscience du rôle de la culture comme vecteur de développement touristique, éducatif et social.

Cette transversalité, je la vis concrètement dans ma commune, Vendin le Vieil, qui compte un peu plus de 8000 habitants : nous travaillons à un projet de médiathèque troisième lieu, qui sera le coeur d’un ensemble réunissant aussi un pôle enfance, l’école de musique (qui existe déjà). Tout le projet architectural a été pensé pour que la culture puisse résonner sur l’ensemble des services concernés, notamment le social et le périscolaire.

D’une façon générale, on voit bien que les équipements cultuels territoriaux ou nationaux, sont aujourd’hui tournés vers les publics et pensés en fonction du territoire où ils sont implantés.

La vision des DGS n’a – t -elle pas évolué au cours des dernières années ?

Il y a une dizaine d’années, je n’aurais effectivement pas dit la même chose. A l’époque,  la culture était vue comme l’apanage des grandes collectivités. Aujourd’hui, la place de la culture dans les politiques publiques a augmenté d’une façon générale, y compris dans les petites collectivités et dans les communes rurales.

D’ailleurs, même si la culture reste une compétence facultative, les EPCI font un gros travail de mise en réseau des équipements, et de réflexion commune. C’est une tendance forte depuis trois ou quatre ans.

Cette évolution tient aussi au fait que les politiques culturelles de l’Etat et des départements poussent les communes à aller vers plus d’intercommunalité culturelle.

Tous les DGS sont aussi confrontés à des problématiques budgétaires qui les obligent à être inventifs. Dans le champ culturel, la recherche de partenariats, de financements croisés et publics-privés, conduit les DGS à faire valoir l’existant, pour pouvoir trouver des subventions ou des fonds privés.

Pourtant les professionnels de la culture se disent incompris des DGS, qui n’envisageraient leurs secteurs que comme une simple cerise sur un gâteau…

Ces reproches ne me semblent pas généralisables. Le fait qu’un atelier sur la culture figure à notre programme montre que les élus, et donc les DGS, ont pris conscience de l’importance de ce secteur pour la recherche de solutions éducatives, sociales ou économiques, dans une société qui, parfois, va mal.

Prenons l’exemple des plans de lecture publique, ils ne sont pas pensés comme une cerise sur le gâteau, mais dans un objectif de développement des connaissances, et dans un  partenariat avec l’Education nationale, la petite enfance etc.

Certes, la culture constitue un monde très particulier – on pourrait d’ailleurs dire la même chose d’autres secteurs, comme celui de la jeunesse. A mon sens, les DGS n’ont pas à disposer d’une connaissance fine du secteur culturel et de ses métiers. Le DGS est plus ou moins un chef d’orchestre. Si la politique culturelle définie par les élus est claire, avec des besoins précis, des projets répondant aux problématiques du territoire, le DGS la développera, comme toute autre politique publique, sans y voir une simple cerise sur le gâteau.

Evidemment, tout cela se fait avec des budgets contraints, et les directeurs des affaires culturelles peuvent trouver frustrant de ne pas pouvoir mettre en œuvre tous leurs projets.

Qu’attendent au juste les DGS des professionnels de la culture ?

Il revient aux professionnels de la culture de mettre leurs connaissances au service de la collectivité pour aider les DGS à la mise en œuvre des politiques culturelles décidées par les élus. J’attends d’eux qu’ils travaillent en transversalité avec d’autres chefs de services, pour toucher l’ensemble des publics, pour que les projets culturels puissent concerner tout le monde et que personne ne puisse se dire « ce n’est pas pour moi ». En d’autres termes, qu’ils travaillent dans une logique d’appropriation culturelle par l’ensemble des publics.