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La méditation se fait une place dans la territoriale

Publié le mardi 7 août 2018 , www.lagazettedescommunes.com

La pleine conscience est incontestablement un phénomène de mode, y compris dans la sphère professionnelle. Elle commence à faire son apparition dans la fonction publique territoriale. Retour sur une activité qui attire de plus en plus d'agents.

visuel La méditation se fait une place dans la territoriale
Adobestock

Une sensibilisation à la méditation de pleine conscience – une pratique laïcisée qui consiste à être parfaitement conscient de l’instant présent et de ses sensations, pensées et émotions – s’affiche depuis quelques mois au catalogue de la délégation Rhône-Alpes Lyon du CNFPT, aux côtés d’autres ateliers de gestion des émotions, de confiance en soi ou de psychologie positive.

« Cette programmation fait écho à une demande croissante des agents pour des formations autour de l’efficacité professionnelle et du management. Alors qu’il leur faut répondre aux attentes des élus et des usagers, que les organisations sont sans cesse en mouvement, c’est une façon de se poser et de se recentrer sur ses fonctions, afin de redonner du sens à son action », indique Pierre-André Rigat, conseiller « formation » dans cette délégation. A la ville et à la métropole de Rennes (43 communes, 5 500 agents, 438 900 hab.), des séances d’initiation à la méditation sont organisées une fois par mois depuis octobre, en plus de cours de yoga ou d’étirements.

Séances proposées par le CNFPT

Agent territorial à mi-temps, Jérôme Pénicaud est également professeur de yoga et de méditation. Il anime les séances d’une demi-journée proposées par le CNFPT. « Je présente l’histoire de la méditation et la pleine conscience, et fais pratiquer des exercices avant de revenir sur la méditation au travail et ses bienfaits en termes de gestion du stress. Mais la pleine conscience est une technique et une posture intérieure, pas une réponse aux risques psychosociaux. Elle ne traite pas les problèmes de fond », résume-t-il. En revanche, la pleine conscience peut être un outil efficace, comme pour ces agents d’accueil qui estiment ainsi mieux gérer leurs émotions et les rapports à certains usagers difficiles. Des études montrent que cette pratique aide à prendre les décisions en responsabilité, améliore la créativité, favorise la priorité donnée aux processus plutôt qu’aux résultats…

Or ce ne sont pas les objectifs affichés dans les collectivités. A Rennes, les ateliers sont conçus comme une sensibilisation et une ouverture de perspective vers des pratiques auxquelles les agents pourront s’adonner à l’extérieur. L’occasion aussi « de créer du lien », assure Claudie Renault, responsable de projet à la communication interne.

Manque de maturité dans les collectivités

Au CNFPT, il n’est pour l’instant pas question d’aller au-delà des séances de sensibilisation. « Proposer un programme complet de méditation sur la pause déjeuner, comme cela se pratique dans les entreprises, n’est pas de notre ressort. Cela ne relève pas de la formation », estime Pierre-André Rigat. Les collectivités territoriales commencent d’ailleurs tout juste à s’intéresser au sujet et ne sont peut-être pas mûres pour cela.

Dominique Steiler, de l’école de management de Grenoble (lire l’encadré), explique : « La façon d’aborder la pleine conscience dans les collectivités avec lesquelles nous commençons à avoir des contacts sera certainement différente de ce que nous pratiquons dans les entreprises. Cela passera davantage par l’idée de participer au bien commun et par le travail sur la paix économique. »

« Dans les collectivités, la santé avant la performance »

DOMINIQUE STEILER

Dominique Steiler, titulaire de la chaire « Mindfulness, bien-être au travail et paix économique » à l’école de management de Grenoble

« Notre chaire de recherche repose sur trois axes : la pleine conscience, la dimension relationnelle et managériale et la dimension organisationnelle de la paix économique. Nous avons déjà accompagné la mise en place de séances de méditation dans des entreprises comme Hewlett Packard Enterprise, et nous commençons à avoir des contacts auprès d’institutions publiques et de collectivités territoriales pour des conférences sur la pleine conscience.

Le déploiement de la méditation dans les collectivités avance plus doucement que dans les entreprises, certainement en raison de leur culture. Dans le service public, j’ai l’impression que la dimension opérationnelle – qui attire les entreprises – est masquée, comme s’il n’y avait pas de relation directe à la performance. Il me semble que les collectivités territoriales se focalisent davantage sur les aspects santé et bien-être. Cela pourrait faire penser que le risque d’instrumentalisation de la méditation qui existe parfois dans le privé (y recourir uniquement pour peser sur des variables de performance des salariés) est écarté. Mais se focaliser sur le bien-être peut entraîner un autre risque d’instrumentalisation : par exemple, intimer à un agent qui ne va pas bien d’assister à un atelier bien-être dans l’unique but de jouer sur une autre variable, sa santé. »