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Gros plan sur le pack local du nouveau gouvernement

Publié le vendredi 20 mai 2022 , www.lagazettedescommunes.com

Au terme d'un jeu de chaises musicales, Amélie de Montchalin est promue à la Transition écologique et à la Cohésion des Territoires. Un autre fidèle d'Emmanuel Macron, Stanislas Guerini hérite du portefeuille de la fonction publique. C'est un proche d'Edouard Philippe, Christophe Béchu qui prend les collectivités dans son giron. Le premier gouvernement Borne marque une grande continuité avec le premier quinquennat Macron.

visuel Gros plan sur le pack local du nouveau gouvernement

La Macronie a-t-elle un problème avec les collectivités territoriales ? Cet éternel débat est relancé après l’annonce d’un nouveau casting gouvernemental, particulièrement pauvre en élus locaux.
Les maires de Dijon, Poissy et Reims, François Rebsamen, Karl Olive et Arnaud Robinet, qu’on annonçait à la table du conseil des ministres, en sont pour leurs frais. Les nouveaux entrants sont, pour l’essentiel, des hauts fonctionnaires d’Etat, comme Catherine Colonna au Quai d’Orsay, Sylvie Retailleau à la Recherche et Rima Abdul-Malak à la Culture.

Les profils plus politiques qui accèdent au Saint des Saints sont souvent des députés de région parisienne, comme Stanislas Guérini à la Fonction Publique et Yaël Braun-Pivet aux Outre-Mer.

Les collectivités pourront toujours se consoler avec la nouvelle architecture gouvernementale qui voit la ministre de la Cohésion des Territoires, Amélie de Montchalin, prendre dans son escarcelle la Transition écologique, dans le droit fil du discours phocéen d’Emmanuel Macron.

Amélie de Montchalin, une techno libérale pour la transition écologique

DE-MONTCHALIN-AMELIE-WEB

Amélie de Montchalin, précédemment ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, a été nommée ministre de la Transition écologique et de la cohésion des territoires, aux côtés de la Première ministre, en charge de la planification écologique Elisabeth Borne.
Une nomination surprise, la ministre n’étant pas connue pour ses prises de position sur le sujet, pourtant priorité annoncée du quinquennat. Députée de l’Essonne, passée par les  Républicains, rapporteuse du projet de loi de finances pour 2018, l’ancienne élève de HEC, économiste de formation a notamment travaillé chez BNP Paribas ou Axa.

Elle est rentrée au gouvernement en mars 2019 en tant que secrétaire d’État chargée des affaires européennes. Elle récupère aujourd’hui l’un des portefeuilles les plus importants qui mêle deux anciens ministères, et aura pour mission de mettre en œuvre l’une des promesses de campagne d’Emmanuel Macron, la mise en œuvre d’une nouvelle planification écologique et territoriale, autour des enjeux de réduction des gaz à effets de serre, de mobilité, de lutte contre l’artificialisation des sols,….

Celle qui avait récupéré, après Olivier Dussopt, un périmètre élargi avec un regard sur la DGAFP, la DITP et la Dinum a été saluée par les organisations syndicales pour avoir renoué avec le dialogue social, alors que son arrivée avait suscité des craintes.

Dans le cadre des nouvelles règles de négociation collective, deux accords unanimes (fait rare) ont été signé : le premier sur le télétravail en juillet 2021  ; le second sur la protection sociale complémentaire des agents de l’État, qu’elle a elle-même qualifié de « victoire historique ».

Agnès Pannier-Runacher, auparavant ministre déléguée en charge de l’industrie, a été nommée ministre en charge de la transition énergétique. On remarquera l’absence – pour le moment – de portefeuilles pour le logement et les transports, cruciaux pour la transition écologique, qui pourraient être créés après les élections législatives.

Christophe Béchu aux collectivités

Christophe-bechu-uneEnfin ministre ! Le nom de Christophe Béchu était déjà cité sous Nicolas Sarkozy, à l’aube des années 2010, pour entrer au gouvernement. Elu local précoce, président de conseil général à trente ans en 2004, et maire d’Angers à quarante en 2014, le nouveau ministre délégué aux Collectivités territoriales a dû patienter longtemps avant d’accéder au Graal de la politique nationale.

Cette nomination, il la doit à Edouard Philippe, dont il est le bras droit au sein du parti Horizon. Comme le maire du Havre, l’édile d’Angers est un homme de centre droit rallié à la Macronie. Typique des élus du Grand Ouest, c’est un modéré peu porté sur les effets de manche.
Christophé Béchu connaît les collectivités sous toutes leurs facettes. Un temps chargé de cours en finances publiques au CNFPT, il est titulaire d’un DESS de droit des interventions sanitaires et sociales des collectivités territoriales.

Ce quadra est déjà un vieux routier des cénacles d’élus. Il y a près de 25 ans, il était déjà adjoint au maire dans la commune de son mentor, le député et premier magistrat d’Avrillé, Marc Laffineur, dont il a été l’attaché parlementaire.

Ces dernières années, Christophe Béchu a pris une multitude de casquettes dans des structures parapubliques liées aux collectivités : la présidence de de l’Observatoire national de l’action sociale et l’Agence de financement des infrastructures de transport en France, notamment.
Christophe Béchu présidait aussi un club d’élus municipaux de droite Macron-compatibles : la République des maires. A Angers, il se fait le chantre de la Smart City.

Longtemps qualifiée de « belle endormie », sa ville est devenue un havre pour les cadres parisiens qui fuient la région-capitale. Christophe Béchu a été élu aux dernières municipales dès le premier tour avec 58 % des suffrages.

Stanislas Guérini, l’inconnu des fonctionnaires

Stanislas-Guerini-uneStanislas Guerini, Délégué général de LREM (devenue Renaissance) depuis le 1er décembre 2018, succède à Amélie de Montchalin au poste de ministre de la Transformation et de la Fonction publiques. Une nomination qui intervient deux jours après sa défense de la candidature controversée de Jérôme Peyrat (condamné pour violence conjugale) aux élections législatives dans la 4e circonscription de la Dordogne, avant d’en exiger lui-même le retrait suite au tollé provoqué par ses propos le soutenant : « C’est un honnête homme, je ne le crois pas capable de violences sur les femmes, et donc il se soumettra au jugement des électeurs. »

Né le 14 mai 1982 à Paris, Diplômé d’HEC en 2006, il a créé son entreprise Watt & Home, société de vente et d’installation de panneaux solaires en 2007. Fin 2013, il quitte son poste de directeur général de cette société et devient « directeur de l’expérience client » de la multinationale Elis.

Il a d’abord été membre du Parti socialiste et proche de Dominique Strauss-Kahn, avant de participer à la fondation d’En marche. Il est élu député dans la 3e circonscription de Paris lors des élections législatives de 2017. En 2018, Stanislas Guerini défendait pour LaRem l’idée d’un « mouvement du quotidien et des territoires, au service des enjeux du quinquennat ».

Sous le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, il a été le rapporteur du projet de loi pour un État au service d’une société de confiance, plus connu sous le nom de « droit à l’erreur ». Il a également fait partie des personnalités missionnées par Bruno Le Maire pour mener les travaux préparatoires du Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises, sur le thème « Partage de la valeur et engagement sociétal des entreprises ». Avec Agnès Touraine, présidente de l’Institut français des administrateurs, il a proposé un développement du droit mou et une limitation du droit normatif, le renforcement de la responsabilité sociale et environnementale (RSE) au sein de la stratégie des entreprises, ainsi que la simplification et le renforcement du recours à l’intéressement et à la participation, notamment pour les PME.

On ne lui connaît que très peu de sorties sur la fonction publique (FP). En mars 2019, lors de la présentation du projet de loi de Transformation de la FP, alors délégué général de LREM, il martelait encore que l’objectif de suppression de 120 000 fonctionnaires (50 000 à l’État et 70 000 dans la FPT) était un objectif « tenable », sans dégrader la qualité des services publics. « 120 000, c’est toujours le chiffre que l’on essaiera de tenir », avait indiqué le député, invité de l’émission Les 4 Vérités, sur France 2, le 25 mars. Pour lui, la baisse du nombre de fonctionnaires était en accord avec la volonté des Français d’avoir davantage de services publics puisqu’il s’agit de « repenser la façon dont on rend les services aux Français. »

Quelques minutes après sa nomination, Stanislas Guerini s’est exprimé sur les réseaux sociaux : « la confiance que m’accordent Emmanuel Macron et Elisabeth Borne m’honore » et a qualifié « de fabuleux » le travail de sa prédécesseure Amélie de Montchalin, au ministère depuis 2020, et désormais nommée à la Transition écologique et aux Territoires. Il s’est également dit « Fier d’être aux côtés de tous les agents publics ».

Du côté des syndicats de la fonction publique, les réactions ne se sont pas faites attendre. La CFDT a interpellé le nouveau ministre sur Twitter, pour «demander à le rencontrer rapidement pour construire un agenda social à la hauteur des enjeux ». Il aura à traiter, en premier lieu, de la revalorisation du point d’indice « avant l’été » ainsi que l’ouverture de négociations sur la rémunération.

Le Maire 2, la continuité technocratique à Bercy

Bruno-Lemaire-une

Après Macron 2, il y aura donc Le Maire 2. L’ex ministre UMP de l’Agriculture sous Sarkozy est reconduit à la tête de Bercy, quasiment dans la même configuration que sous le premier mandat d’Emmanuel Macron, avec l’Economie, les Finances et la Souveraineté industrielle et numérique dans son portefeuille.

Pressenti un temps au Quai d’Orsay, où il a débuté sa carrière, il va donc incarner la continuité dans l’action gouvernementale, portée sur la relance de l’économie, la préservation des comptes publics et la réindustrialisation française. Celle-ci passe notamment par le plan France 2030 initié fin 2021 et qui doit prendre le relais du plan France Relance, dont la centaine de milliards doit avoir être employée d’ici la fin de l’année.

Cet ancien énarque et normalien né à Neuilly-sur-Seine en 1969, à l’ambition suffisamment grande pour espérer – un temps et peut-être encore – être président de la République, a montré durant les cinq ans à Bercy – un record toujours en cours donc – toute son agilité idéologique. Le sectateur de l’orthodoxie budgétaire et pourfendeur de la dépense publique s’est très vite adapté au « quoiqu’il en coûte » aux accents keynésiens voulu par Emmanuel Macron pour faire face à la crise sanitaire et économique.

Ce libéral chrétien devra désormais se convertir à la planification écologique, sans toutefois renoncer à ses idéaux libéraux : la disparition programmée de la CVAE en est un des signaux les plus visibles pour les collectivités.

Député de 2012 à 2017 dans l’Eure, mais aussi conseiller régional de 2010 à 2015, il n’a pourtant pas les gènes de l’élu de terrain et reste très technocrate dans l’âme. Ainsi, il n’a jamais pris le parti d’enrayer, ni même de contrer le tropisme jacobin de Bercy et appliquera en conscience la proposition présidentielle de limiter les dépenses des collectivités de 10 milliards sur le quinquennat, ou la recentralisation totale de la Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE).

Sa confirmation à la tête de Bercy n’est donc pas une bonne nouvelle pour les décentralisateurs et les partisans de l’autonomie fiscale des collectivités. Le ministre-écrivain, comme il aime se définir, devrait maintenant augmenter son dernier ouvrage « Mémoires provisoires » de nouvelles pages, mais pour les collectivités, il est à craindre qu’elles n’apportent rien de neuf.

Gabriel Attal, un influenceur au Budget

gabriel-attal-uneBruno Le Maire pourra compter sur l’une des plus jeunes personnalités du gouvernement. A 33 ans, Gabriel Attal est promu ministre délégué chargé des Comptes publics après près de deux ans à manier la langue de bois à l’issue du conseil des ministres chaque mercredi.

Elève de l’école Alsacienne, école privée pour élite du VIe arrondissement de Paris, Gabriel Attal a pris goût à la politique lors de la campagne présidentielle de Ségolène Royal. Sympathisant socialiste, il entre en 2012 au cabinet de la ministre de la Santé, Marisol Touraine. Ce n’est que 5 ans plus tard qu’il quitte la gauche pour rejoindre la République en marche et obtenir une investiture aux législatives.
Il est élu face à un ténor des Hauts-de-Seine, André Santini, le maire (UDI) d’Issy-les-Moulineaux depuis 1980.

Ce féru des réseaux sociaux s’est fait connaître par ses « punchlines » médiatiques. Il n’hésite pas à parler par exemple de « gréviculture » au sujet des cheminots ou de « bobos égoïstes » pour les étudiants bloqueurs des universités.

Après avoir porté le très critiqué service national universel en tant que secrétaire d’Etat à la jeunesse auprès du ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer, dans le gouvernement d’Edouard Philippe, il remplace Sibeth N’Diaye comme porte-parole du gouvernement en juillet 2020.

Le budget est une nouvelle étape dans l’ascension rapide d’un des hommes politiques les plus populaires du gouvernement. Mais face aux dossiers techniques et explosifs qui ne manquent pas (inflation, redressement des comptes publics…), ses talents d’influenceur et de communication politique ne seront pas de trop pour convaincre les élus locaux.

Gérald Darmanin reste à l’Intérieur

Gerald-DarmaninGérald Darmanin conserve son poste au ministère de l’Intérieur. Après la loi sécurité globale et la loi sur la responsabilité pénale et sécurité intérieure, il aura à mener le projet de loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur.

Le texte, présenté en conseil des ministres mercredi 16 mars dernier, prévoit d’allouer 15 milliards de crédits supplémentaires au budget du ministère sur les 5 prochaines années. L’objectif est mettre « plus de bleu dans la rue », avec le doublement des effectifs de policiers et de gendarmes sur le terrain et la recréation de 200 brigades de gendarmeries en zone rurale. Concernant la police municipale, peu d’éléments concrets ont été avancés si ce n’est la création d’une « direction des partenariats » pour mieux piloter le continuum de sécurité.
Le ministre est attendu au tournant par les syndicats qui espèrent de véritables avancées en matière de rémunération et d’évolution de carrière.

Un ministère de plein droit pour le sport

Elle faisait partie des pressentis. Amélie Oudéa-Castéra, désormais ancienne directrice générale de le fédération française de tennis, a été nommée ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques. Très impliquée durant la campagne du candidat Macron, elle a grandement participé à la rédaction des mesures sport de son programme.

A l’heure où nombre d’acteurs du sport demandaient qu’une place politique plus importante soit accordée au sport, l’ancienne joueuse de tennis (demi-finaliste à Roland-Garros junior / quatre ans sur le circuit professionnel) aura la charge d’un ministère de plein exercice, alors que Roxana Maracineanu était sous la tutelle de celui de l’Éducation nationale. Vu l’intitulé inédit de son poste, nul doute que la principale mission de la nouvelle pensionnaire du 95 avenue de France sera d’œuvrer pour le succès des Jeux de Paris.

Damien Abad, un élu LR à la Solidarité

Damien-Abad-uneDamien Abad récolte de son côté le portefeuille des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées. Président du groupe Les Républicains de l’Assemblée nationale depuis 2019, il avait quitté ses fonctions jeudi 19 mai à la demande de Christian Jacob. Damien Abad est député de la 5ème circonscription de l’Ain depuis 2015.

Celui qui succède ainsi à Olivier Véran (Solidarités) Brigitte Bourguignon (Autonomie) et Sophie Cluzel (Handicap), a réagit sur les réseaux quelques minutes après sa nomination, se disant « très honoré d’être appelé à servir la France auprès d’Emmanuel Macron et d’Elisabeth Borne » tout en précisant vouloir « dépasser les clivages pour changer la vie de millions de Français ».

Les principaux membres du gouvernement qui travailleront avec les collectivités

Amélie de Montchalin
Stanislas Guerini
Christophe Béchu
Gabriel Attal
Pap Ndiaye
Rima Abdul-Malak
Gérald Darmanin
Catherine Colonna
Brigitte Bourguignon
Damien Abad
Agnès Pannier-Runacher
Bruno Le Maire
Olivier Dussopt
Sébastien Lecornu

Amélie de Montchalin, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires ; Stanislas Guerini, ministre de la Transformation et de la Fonction publique ; Christophe Béchu, ministre délégué, Chargé des Collectivités territoriales ; Gabriel Attal, ministre délégué chargé des Comptes publics ; Pap Ndiaye, ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse ; Rima Abdul-Malak, ministre de la Culture ; Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur ; Catherine Colonna, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères ; Brigitte Bourguignon, ministre de la Santé et de la Prévention ; Damien Abad, ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées ; Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique ; Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique ; Olivier Dussopt, ministre du Travail, du Plein-emploi et de l’Insertion ; Sébastien Lecornu, ministre des Armées.