En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour vous proposer des services et offres adaptés. En savoir plus.

Des prestations sociales encore insuffisamment adaptées aux besoins des agents

Publié le mercredi 10 octobre 2018 , www.lagazettedescommunes.com

Onze ans après avoir été rendues obligatoires, les prestations d'action sociale font partie du paysage RH des collectivités. Remplissent-elles pour autant les missions qui leur sont assignées ? Réponse dans l'étude menée par " La Gazette " en partenariat avec le Comité national d'action sociale (Cnas).

visuel Des prestations sociales encore insuffisamment adaptées aux besoins des agents
AdobeStock

Enfants, vacances, repas, transport, culture et loisirs, secours et santé constituent les grandes familles de prestations d’action sociale proposées par les collectivités à leurs agents. De quoi, a priori, contribuer à améliorer leurs conditions de vie quand les ressources financières manquent.

Mais l’offre est-elle adaptée aux besoins des bénéficiaires ? C’est ce que « La Gazette » et le Comité national d’action sociale (Cnas) ont cherché à savoir en interrogeant des agents, des élus et des responsables de l’action sociale territoriale en juin et juillet.

Résultat : seuls 43 % des bénéficiaires estiment que les prestations sociales proposées par leur collectivité sont adaptées à leurs besoins. Soit une baisse de 4 points par rapport à l’an dernier, que 57 % des répondants expliquent par des réductions qu’ils jugent « peu avantageuses » et 49 % par le « manque de propositions de partenaires locaux ».


Certains cherchent à y remédier. « Nous développons une offre locale axée sur la qualité de vie au travail. Nous négocions par exemple avec les salles de sport et de loisirs de type laser game, ainsi que des espaces bien-être », avance Marina Huguet-Retaillaud, chargée de l’action sociale et du bien-être au travail à la ville et la métropole d’Orléans (22 communes, 3 300 agents, 281 900 hab.). Si les offres de solidarité et celles ciblant les enfants sont de plus en plus demandées, les prestations en matière de culture enregistrent une nette baisse. Tout comme celles relatives aux vacances, mais dans une moindre mesure. Pour cette dernière catégorie, plus d’un quart (28 %) des répondants se disent très insatisfaits.

Demandes d’aides financières

Le taux d’insatisfaction est également notable vis-à-vis des prestations du quotidien et de solidarité. Sur ces deux offres, environ la moitié des agents s’avèrent peu ou pas du tout satisfaits, alors même que les besoins sont de plus en plus importants.

Quatre décideurs sur dix ont constaté une hausse des demandes d’aides financières au cours des cinq dernières années, confirmant la tendance générale à une précarisation des agents territoriaux. « Nous avons enregistré en 2017 un accroissement de 40 % des demandes de secours exceptionnels, principalement pour la prise en charge de factures impayées de loyer, de cantine ou de scolarité, mais aussi pour des frais médicaux non couverts par les mutuelles », rapporte Fannie Dupé, directrice du comité des œuvres sociales de l’Isère.

Afin de soutenir ses agents en proie à des difficultés d’ordre familial ou financier, la communauté val de Garonne agglomération (43 communes, 400 agents, 60 300 hab., Lot-et-Garonne) envisage de son côté de doubler le montant des aides de solidarité auxquelles ses agents sont aujourd’hui éligibles par l’intermédiaire du Cnas. « Ces aides ciblent d’abord les aléas de la vie, le handicap, le décès », précise Pascale César, directrice générale des services de la communauté d’agglo.

Davantage de loisirs

Parmi les principales améliorations qui pourraient être apportées à l’action sociale, le panel des prestations arrive largement en tête des réponses (cité par 47 % des répondants), devant la communication (28 %) et l’ouverture des droits aux prestations à un plus grand nombre d’agents (22 %). Le tarif n’est cité que par 18 % des bénéficiaires.

Concernant les prestations et services non proposés dans leur collectivité, 28 % des agents aimeraient que soient mises en place des aides pour les loisirs et la vie quotidienne (culture, voyages, alimentation…). Seulement 10 % citent des aides en matière de santé.

« Il existe toujours une grande disparité entre collectivités quant à la mise en œuvre de l’action sociale au bénéfice des agents. Cela tient aux ressources financières, mais aussi à la volonté des élus. Il faudrait instaurer une contribution minimum. La mutualisation est aussi une piste pour améliorer le niveau des prestations proposé », avance Daniel Leroy, président de la formation spécialisée « questions sociales » du Conseil supérieur de la fonction publique territoriale. Aujourd’hui, près de quatre collectivités sur dix n’affectent que de 0 à 1 % de leur masse salariale à l’action sociale. Seules 6 % y consacrent plus de 2 %.

Signe que des efforts doivent aussi être réalisés sur la communication, sept bénéficiaires sur dix connaissent les prestations auxquelles ils peuvent prétendre dans leur collectivité. Près de six répondants sur dix s’informent au sujet des prestations sur le site internet et l’intranet – un taux qui grimpe à 78 % dans les départements et à 76 % dans les régions. Et 36 % passent par une personne référente.

Offres parfois inadaptées

Parmi le tiers de bénéficiaires insatisfaits de l’accompagnement sur les prestations d’action sociale, 53 % regrettent avant tout le manque de communication au sein de leur collectivité. « Pour que l’information passe, nous allons au-devant des agents en organisant des conférences sur l’action sociale ou en tenant des stands à l’occasion de formations collectives », indique Camille Margollé, responsable du service « qualité de vie au travail » de la ville et de la métropole d’Orléans.

Le manque d’accompagnement, ajouté à des offres parfois inadaptées et à un niveau de satisfaction mitigé expliquent qu’un tiers des bénéficiaires déclarent moins recourir aux prestations d’action sociale qu’il y a cinq ans. Une proportion en hausse de six points par rapport à l’an dernier.

« Nous travaillons de plus en plus avec des partenaires locaux »

Dupé FannieFannie Dupé, directrice du comité des œuvres sociales de l’Isère (450 collectivités adhérentes, soit 13 800 agents)

« Notre rôle est d’apporter des réponses à des besoins non satisfaits. Nous ne cessons d’innover pour renouveler notre action. Nous avons, par exemple, ouvert la plupart de nos prestations aux familles recomposées. Nous travaillons également, de plus en plus, avec des partenaires locaux. Pour favoriser le loisir à la journée, nous avons conclu des partenariats avec des stations de ski iséroises. Les adhérents et leur famille bénéficient de forfaits à tarif réduit.
En matière de culture aussi, nous avons des partenariats avec des salles de spectacle, festivals et cinémas indépendants du département. En 2018, nous avons signé une convention avec Tetraktys, une ONG grenobloise, qui propose des prestations de tourisme solidaire. Avant de mettre en place toute nouvelle offre, nous interrogeons nos correspondants, qui sont nos relais sur le terrain. »

Méthodologie

Etude quantitative en ligne réalisée du 6 juin au 30juillet 2018 auprès de 563 responsables de l’action sociale dans les collectivités et 740bénéficiaires, soit1303répondants. Etude produite par Infopro Digital études.